Petites et grandes officines : l’analyse des prix de cession en 2022

Réalisée sur 969 transactions (65 % des transactions du marché), la nouvelle étude publiée par Interfimo sur les prix de cession des officines révèle les grandes tendances du marché et montre une hausse globale des prix pour 2022. Pour cette 32^e édition, l’étude propose deux nouveautés : une analyse à part entière pour les officines de moins d’1,2 M€ et un coefficient de chiffre d’affaires retraité de l’activité COVID.

Observations du marché

Une croissance record du chiffre d’affaires en 2022 : explications

L’étude réalisée par INTERFIMO montre une année 2022 marquée par une croissance record de 11 %.

Trois éléments sont moteur de cette croissance exceptionnelle :

• Les médicaments chers (> 150 €) et très chers (> 1 930 €) contribuent à environ 1/3 de la croissance ;
• La croissance a été portée par le chiffre d’affaires COVID notamment au 1er semestre. Ce phénomène n’étant pas récurent, et étant déjà en baisse en 2^e semestre 2022, Interfimo a choisi de présenter les prix de vente rapportés au chiffre d’affaires hors activité COVID ;
• Le développement de l’automédication en raison d’une recrue des pathologies hivernales types grippe, bronchiolite ou gastro-entérite.

Forte chute des cessions de fonds de commerce : pas de conclusions hâtives

Après de nombreuses années de dynamisme du marché, l’étude constate une baisse de 7 % du nombre de mutations (achat de fonds ou achats de parts ou de titres) et observe deux constantes : un marché des parts qui continue de progresser (+ 2 %) et une chute importante des cessions de fonds de commerce avec moins 13 % sur l’année 2022.

« Peut-être est-il un peu tôt pour tirer des conclusions sur de cette chute significative », explique Jérôme Capon, Directeur du Réseau chez INTERFIMO. « En effet, en 2022, la loi de finances autorisant temporairement l’amortissement du fond commercial lors d’une acquisition aurait pu booster ces cessions. Mais cette option fiscale ne peut pas s’exercer à la fin de l’arrêté des comptes 2022. Il faudra donc en surveiller l’impact l’an prochain ».

Augmentation de la rémunération des pharmaciens

Autre constat de l’étude, l’augmentation de la rémunération médiane des pharmaciens, passée en 5 ans de 55 000 à 62 600 € (hors distribution de dividendes). En 2017, 43 % des pharmaciens se rémunéraient à moins de 50 000 contre 28 % en 2022.

Prix de cession : une grande disparité entre petites et grandes officines

Le contexte économique et sanitaire a amplifié les disparités entre les grandes officines et les plus petites qui ont davantage de difficulté à mettre en place les nouvelles missions qui leurs sont attribuées (tests et vaccinations notamment). C’est pourquoi, alors que les études précédentes présentaient une moyenne nationale globale, INTERFIMO a décidé cette année de consacrer un chapitre à part entière aux officines qui réalisent moins de 1,2 M€ de chiffres d’affaires (environ 15 % des transactions étudiées). Les pharmacies de moins de 500 000 € de chiffre d'affaires sont exclues du panel.

Grandes officines : une hausse significative des prix à surveiller

En pourcentage de chiffre d’affaires, hors activité COVID, l’année 2022 est marquée par une hausse importante du prix de cession moyen des officines de plus de 1,2 M€ : 87 % contre 83 % en 2021, soit 4 points supplémentaires.

On note que plus l’officine est importante en chiffre d'affaires plus le coefficient est élevé avec un prix de cession moyen de 92 % du chiffre d'affaires pour les officines de plus de 2,4 M€.

Par typologie d’officine, les écarts s’amoindrissent entre les officines rurales (85 %), de quartier (87 %) et de centre-ville (85 %) alors que l’on note une forte augmentation du prix de cession moyen des pharmacies de centre commercial (de 89 % en 2021 à 97 % en 2022).

L’analyse des prix de cession par trimestre montre un ralentissement de la croissance sur le quatrième trimestre 2022 en raison de facteurs économiques (hausse des produits chers, inflation, augmentation des frais de personnel, hausse des taux d’intérêt) qui pourraient avoir un impact sur la rentabilité, et par conséquent sur la capacité d’endettement des officines.

En multiple de l’EBE reconstitué, les officines de plus de 1,2 M€ se négocient à 6,7 fois l’EBE. Le prix de cession moyen augmente sur toutes les catégories d’officines, mais en particulier sur celles dont le chiffre d'affaires est compris entre 1,6 et 2 M€ pour lesquelles le coefficient d’EBE passe de 6,7 à 6,8.

Petites officines : une forte dispersion des prix

Sur le marché spécifique des officines de moins de 1,2 M€, les prix de cession en pourcentage du chiffre d'affaires sont légèrement à la hausse en 2022, avec un prix moyen à 64 %. Chaque cas doit être regardé individuellement, la dispersion des prix constatée étant très importante : 60 % des transactions étudiées sont en effet comprises entre 48 et 83 %.

Les pharmacies de centre-ville sont cédées à un prix moyen plus élevé, 68 % soit 7 points de plus que les pharmacies de quartier et 5 points de plus que les pharmacies rurales.

L’analyse par région montre une certaine homogénéité des prix hormis en Ile-de-France qui présente le prix de cession moyen le plus bas (57 %).

En coefficient d’EBE, l’étude relève une augmentation du prix de cession des petites officines avec un coefficient EBE de 5,4 % (contre 5,2 % en 2021) : l’augmentation est à noter car la tendance était à la baisse depuis 10 ans. Les dispersions sont ici aussi importantes en fonction des typologies d’offlines, les petites officines de centre-ville étant les mieux valorisées.

Consulter l’étude dans son intégralité.