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L’égalité dans le secteur de la santé : un combat collectif

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L’égalité dans le secteur de la santé : un combat collectif
L’égalité dans le secteur de la santé : un combat collectif

La quatrième édition des États Généraux du collectif Femmes de Santé s'est tenue le 6 décembre dernier à Paris. À l’issue des différentes ateliers collaboratifs, 15 propositions d'actions concrètes ont été formulées pour renforcer la position des femmes dans le secteur de la santé. Ces recommandations vont être présentées au gouvernement. Retour sur une journée dense et constructive avec Maud Nivet, nouvelle déléguée générale du collectif Femmes de Santé.

Interfimo est partenaire de deux grands évènements annuels organisés par le collectif Femmes de santé : les États Généraux et la Révélation des Femmes de Santé de l’année.

Quel premier constat global peut-on faire aujourd’hui sur la situation des femmes dans le secteur de la santé ?

Aujourd’hui, les femmes représentent 50 à 60 % des effectifs dans le secteur de la santé. Or, leur situation est loin d’être satisfaisante. Les inégalités, les stéréotypes de genre et les attitudes paternalistes restent fortement ancrés dans les pratiques professionnelles et les préjugés sur le rôle et la place des femmes dans le monde médical sont encore beaucoup trop nombreux. Le médecin est encore souvent « a priori » un homme... Le chemin vers l’égalité est encore long...

Quel sujet vous préoccupe plus particulièrement ?

Aux côtés des métiers paramédicaux qui ont toujours été en majorité des femmes, il y a aujourd’hui de plus en plus de femmes médecins. Toutefois, dans les services hospitaliers, les chefs de services ou PU-PH (professeurs des universités-praticiens hospitaliers) sont encore en majorité des hommes et certaines statistiques sont alarmantes. D’après une étude du Conseil national de l’Ordre des médecins de novembre 2024, 48 % des femmes médecins ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, dans le cadre de leur parcours et une infirmière sur deux est victime de violence. C’est énorme !

Comment le collectif Femmes de Santé appréhende-t-il ces différents sujets ?

Notre réflexion se fonde sur trois piliers qui nous paraissent indispensables pour faire évoluer les mentalités durablement : la communication, la sensibilisation et l’éducation. L’une de nos recommandations issues des États généraux du 6 décembre dernier consiste à changer les mentalités au travers d’un plan de formation à tous les stades de la vie : formation des enseignants à l’équité (primaire / collège / lycée) dans l’optique de s’adresser aux enfants dès leur plus jeune âge pour lutter contre les biais et les stéréotypes, formations « Empowerment féminin » (Autonomisation des femmes) lors de la formation initiale postbac, mise en place de mentorat spécifiquement sur le thématique « réussir au féminin ».

La parole s’est libérée avec le mouvement #Meetoo. Est-ce aussi le cas dans le secteur médical ?

De façon générale, les jeunes femmes sont en effet plus sensibilisées à ces problématiques aujourd’hui et les comportements sexistes sont davantage dénoncés. La nouvelle génération d’internes hésite moins à signaler les discriminations. Mais cela ne suffit pas. Il faut prendre le sujet à bras le corps et faire en sorte de structurer et d’harmoniser les mesures de sensibilisation et de soutien au sein des établissements de santé. La libéralisation de la parole doit s’accompagner d’un cadre formel et de garanties solides pour les victimes.

À cet effet nous avons émis quatre recommandations majeures : la première préconise la mise en place d’entretiens annuels organisés par des personnes externes sur les sujets de harcèlement, de sexisme, de discriminations et de violences sexistes et sexuelles. La seconde a pour objectif de protéger les témoins et les victimes de violences sexistes et sexuelles en mettant en place des garanties pour s’assurer que cela ne leur sera pas préjudiciable. La troisième vise à l’instauration d’une cellule d’experts impartiaux, pour accélérer le traitement des cas et rendre les enquêtes plus objectives. Enfin, nous recommandons la mise en place des programmes de soutien des victimes au travers d’un accompagnement psychologique notamment.

Les hommes ont-ils un rôle à jouer pour accompagner ce changement ?

Absolument ! L’égalité dans le secteur de la santé est un combat collectif dans lequel les hommes aussi doivent trouver leur place. La journée des États Généraux a été l’occasion d’une réflexion approfondie sur ce point, avec à la clé des recommandations destinées à aider les hommes à s’impliquer dans la conception et la mise en œuvre d’actions visant à promouvoir les sujets d’égalité dans le secteur de la santé. Le groupe de travail mixte a conclu à une multiplicité de rôles possibles pour les hommes permettant un niveau d’engagement différent en fonction de leur situation professionnelle comme privée. Dans cette optique, plusieurs recommandations concrètes ont été formulées afin de sensibiliser, mobiliser et structurer l’engagement. Comme par exemple, la mise en place de programmes de sensibilisation et de coaching des managers pour déclencher des initiatives individuelles et les accompagner dans la mise en œuvre de plans d’action en faveur de l’égalité. Ou encore la mise en place d’indicateurs puis des objectifs individuels et collectifs afin d’engager chaque collaborateur et l’organisation, de permettre un suivi et une évaluation concrète de l’évolution du projet mis en place. L’information et la sensibilisation restent au cœur de cette démarche pour permettre à chacun de mieux appréhender son impact.

Quelle portée souhaitez-vous à ces recommandations ?

e travail du collectif repose sur une intelligence collaborative, permettant de faire émerger des idées et des solutions possibles. L’objectif est d’aller au-delà de la réflexion en portant ces recommandations au plus haut niveau, notamment auprès des ministères, afin d’impulser un véritable changement et de mobiliser les acteurs clés pour que ces initiatives se traduisent en actions concrètes. Par exemple, lors de nos Etats Généraux sur la santé des femmes en 2022, certaines des recommandations du collectif ont été reprises dans le plan interministériel pour l'égalité entre les femmes et les hommes 2023-2027. Libérer la parole est une étape essentielle pour susciter une prise de conscience collective. En favorisant l’échange et la réflexion, nous créons les conditions propices à une implication active et concrète en faveur d’une égalité réelle et partagée.

L’intégralité des recommandations ainsi que le replay de la journée des États généraux du 6 décembre 2024 est disponible ici : femmesdesante.fr

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